Pratique

Propos sexistes au travail : comment réagir ?

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« Ma petite, va me chercher un café », « tu as tes règles ou quoi ? », « j’ai hâte que l’été revienne te mettre tes jolies petites robes », « ma pauvre fille, tu ne vois vraiment pas plus loin que le bout de ton nez… ». Ne jetez plus ! Si on résume, les propos sexistes sont des propos humiliants, dégradants, blessants, etc. proférés à l’encontre des femmes. A l’occasion de la loi du 17 août 2015 relative au dialogue social et à l’emploi, ce que l’on appelle le sexisme ordinaire a fait l’objet d’une disposition spécifique dans le code du travail relative à l’interdiction de « tout acte sexiste ». La loi travail du 8 août 2016 a renforcé ces dispositions. Les personnes victimes de propos et/ou d’actes sexistes y ont désormais droit. Mais avant de dégainer l’artillerie lourde, voici quelques conseils pour réagir individuellement à ce genre d’attaque..
Il vous dit « je pourrais même choisir une femme pour monter ce projet ». Répondez, « ah ben même une femme. Qu’est-ce que cela signifie pour vous, même une femme ? ».

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Dans une organisation avec des lignes hiérarchiques sont fortes

Impossible d’écarter votre attaquant dans son 22 pour le moment, surtout s’il s’agit de votre manager. « Lui-même n’étant probablement pas conscient du caractère sexiste de ses propos ne comprendrait pas que vous vous fâchiez contre lui. Pire, il pourrait y avoir un flashback. Une réaction à chaud sous le coup de la colère risquerait même de mettre en danger votre position », prévient Brigitte Grésy, secrétaire générale du conseil supérieur de l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes. Évitez donc à tout prix de lui donner une raclée verbale en l’impliquant directement. Laisser passer l’orage, surtout si les propos sont tenus lors d’une réunion de groupe, et solliciter un entretien individuel. « Sans agressivité, montrez-lui que ses propos vous ont touché en utilisant le ‘je’ et recadrez le débat sur un plan professionnel », recommande-t-elle.

Quand c’est l’habitude d’un de vos collègues

Dans ce cas, public ou non, pas question de se laisser humilier. ” Se mettre en colère ou répondre brusquement ne fonctionne pas. Au contraire, vous devez répondre sur un ton neutre et professionnel en utilisant le questionnement. », suggère Sandrine Meyfret, coach exécutif et directrice générale du cabinet Alomey. Illustration : il vous dit « je pourrais même choisir une femme pour monter ce projet ». Répondez, « eh bien même une femme. Qu’est-ce que cela signifie pour vous, même une femme ? » Ou « Ah, tu es enceinte ! Je pensais que tu étais plus motivé que ça… », pourquoi ne pas formuler une réponse du genre : « et toi quand tu as eu ton premier enfant, tu t’es posé la question de ta motivation ? ? “. Enfin une parade utilisée par cette coach quand on lui a demandé d’aller faire du café. « Je ne sais pas comment faire du café, je n’ai jamais appris. Il ne fait aucun doute autour de cette table quelqu’un de bien plus astucieux que moi pour faire un excellent café. « Je vous assure qu’on ne m’a plus jamais demandé d’aller faire du café », se souvient-elle.

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Encore une fois, hors de question de lâcher prise sans rien dire. Mais selon la situation, vous pouvez ou non réagir immédiatement. « Au comité de direction, un de mes supérieurs a appelé mon assistante longues jambes. Alors j’ai dit « son prénom, au cas où tu l’aurais oublié c’est…. Alors j’aimerais que tout le monde l’appelle par son prénom », confie Sandrine Meyfret. ” Ce n’est jamais impunément que l’on assiste au sexisme passif. Si on laisse tomber, on se trompe. Mais comme pour les victimes, je conseille aux témoins de ne pas nécessairement réagir dans la chaleur. Surtout si l’entreprise est très hiérarchisée. Dans ce cas, revenez sur le sujet plus tard en reconnaissant le fait que vous n’aimez pas trop les mots.ou que vous ne comprenez pas ce genre d’humiliation et que du coup, ça met à mal la relation professionnelle que vous entretenez avec lui », conseille Brigitte Grésy, également auteure de Petit traité contre le sexisme ordinaire (Albin Michel, 2008) et en préparation d’un nouveau livre sur le sujet à paraître en février 2017.

L’humour est-il le meilleur réflexe ?

Dans les entreprises très pyramidales et/ou très en retard sur le thème de la parité, pas sûr que jouer la carte de l’humour soit judicieux. Dans ceux où l’égalité des sexes est en marche (ou réelle), pourquoi pas. ” En fait, vous pouvez utiliser l’humour si vous ne vous sentez pas profondément blessé. Sinon c’est impossible », insiste Brigitte Grésy. Le club Label Égalité et la firme Arborus ont pris le parti de l’humour en lançant une application Respect Me (disponible gratuitement sur IOS et Google Play). Les réponses, sous forme d’icônes, de sons et d’indices, sont toutes basées sur le ton de l’humour. Exemple : on te dit « tu nous ferais un petit café ? », et une voix off balance « je ne suis pas El Gringo ». ” L’humour peut avoir un effet miroir et sensibiliser la personne qui tient des propos sexistes, le caractère ridicule et inapproprié de son comportement. C’est une manière de le déstabiliser », explique Cristina Lunghi, présidente du cabinet Arborus. Mais attention à manipuler l’outil avec parcimonie. Pas évident que les membres d’un codir soient morts de rire en entendant parler d’El Gringo. Il faut donc apprendre à doser.

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Kit anti-sexisme

Si les propos et/ou agissements sexistes se répètent, vous pouvez évidemment engager une procédure plus officielle en alertant le DRH, le médecin du travail, les délégués du personnel, le Défenseur des droits, etc.

Détails de la marche à suivre dans le kit pour agir contre le sexisme.

Et aussi le site Sexismeordinaire.

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